Cette semaine a lieu la treizième semaine de l'emploi pour les personnes handicapées. L'occasion de faire le point sur les difficultés auxquelles elles sont encore confrontées. Une pile de CV, des candidats plus motivés les uns que les autres et des dizaines de recruteurs... Un salon pour l'emploi classique? Pas tout à fait. Depuis treize ans, l'Adapt, l'association pour l'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées, organisent une semaine pour l'emploi. Au programme: des rencontres à travers toute la France pour mettre en relation les recruteurs et les travailleurs invalides. Le taux de chômage des personnes handicapées est aujourd'hui deux fois supérieur à celui des valides. Même pour les surdiplômés, trouver un emploi est un véritable chemin de croix. Avocate diplômée du barreau de Paris, Murielle Gernez, qui souffre d'un handicap moteur, est restée plus de dix ans au chômage. "J'ai obtenu mon diplôme avec mention, j'ai fait des stages dans des cabinets d'avocats prestigieux, mais dès que j'ai commencé à chercher un emploi, toutes les portes se sont fermées. La plupart des employeurs craignaient que mon handicap choque nos clients", témoigne-t-elle. Si la jeune femme vient de retrouver un travail dans le cabinet juridique de la Française des Jeux, l'association Adapt note qu'aujourd'hui près de 90 000 personnes handicapées sont au chômage depuis plus de deux ans.
Les nombreuses campagnes de sensibilisation n'ont pas suffi à freiner les discriminations. "Lorsqu'ils ne sont pas habitués à côtoyer des personnes handicapées, les gens ne sont pas à l'aise. Même s'ils sont gentils et portent un regard bienveillant, on sent qu'ils ne savent pas comment se comporter avec nous", raconte Floriane André, employée dans une bibliothèque d'un lycée parisien et sujette à des troubles de l'équilibre. "Mon fauteuil roulant reste une barrière. Les gens hésitent souvent à aller vers moi, ils ont un peu peur, poursuit Helen David, jeune étudiante en communication de 23 ans à la recherche d'un contrat de professionnalisation. Pourtant, moi, je ne le conçois pas du tout comme un poids. Bien au contraire, c'est un outil qui me permet d'être autonome". Des entreprises mal équipées Depuis 1987, les entreprises de plus de 20 salariés sont pourtant obligées d'employer au moins 6% de personnes handicapées sous peine de fortes amendes. Malgré cela, la majorité d'entre elles sont encore loin du compte et préfère payer des pénalités plutôt que d'engager des personnes souffrant d'un handicap.
“C'est très frustrant de ne pas pouvoir faire ses preuves” Si la plupart des grandes firmes se sont aujourd'hui équipées de structures adaptées aux personnes handicapées, les petites et moyennes entreprises restent encore à la traîne. Rares sont celles qui disposent de rampes d'accès, de bureaux adaptés, de barres dans les toilettes... N'ayant pas toujours les moyens d'investir dans des locaux accessibles aux fauteuils roulants, elles sont souvent dans l'incapacité d'embaucher des travailleurs invalides. Helen David en a fait l'amer expérience: "J'ai envoyé de nombreux CV dans des petites agences de communication. Dans près de 50% des cas, on m'a expliqué, que les entreprises n'étaient pas adaptées aux personnes handicapées. C'est très frustrant de ne même pas pouvoir faire ses preuves." Emmanuel Constant, le président de l'Adapt, reste malgré tout optimiste. Depuis qu'il organise la semaine pour l'emploi des personnes handicapées, une petite révolution a eu lieu dans le milieu professionnel. "Les mentalités ont changé et les entreprises ont pris conscience que les personnes handicapées sont un réservoir de main d'oeuvre souvent très motivé. Elles peuvent apporter beaucoup aux entreprises. Auparavant, il était inconcevable que les personnes en fauteuil travaillent, aujourd'hui on l'accepte de plus en plus."