Un millier de délégués se retrouvent à Nantes de lundi à vendredi pour le 49e congrès de la CGT, où Bernard Thibault, qui devrait être réélu sans surprise, va devoir répondre à des militants parfois en proie au doute sur l'orientation de leur centrale syndicale. Avant de prononcer un discours d'ouverture lundi, le secrétaire général revient dans une interview au Figaro, à paraître lundi 7 décembre, sur ses 10 ans à la tête de la centrale.
"La trouille reste le principal obstacle à un salarié qui songe à se syndiquer ! On ne reproche jamais à un médecin, un avocat ou une entreprise d'adhérer à un syndicat, mais on ne l'admet pas d'un salarié. La discrimination syndicale est un frein objectif", dénonce M. Thibault qui confirme que la CGT compte 650 000 adhérents environ, soit autant qu'il y a dix ans, alors que le syndicat s'était fixé pour objectif en 2003 de parvenir à un million d'adhérents. "Compte tenu des changements intervenus dans l'économie depuis dix ans, nous avons réussi à nous implanter, même faiblement et insuffisamment, dans de nouveaux secteurs", fait-il néanmoins valoir.
"NOUS DEVONS REVOIR NOTRE ORGANISATION INTERNE"
La relance de la syndicalisation, dans des secteurs où la CGT est plus faiblement représentée comme les services notamment, fait partie des thèmes principaux du congrès. "L'écart se creuse de plus en plus entre les lieux où nous sommes implantés et ceux où le salariat se développe. Nous devons donc revoir notre organisation interne pour coller mieux à la réalité du terrain. Tous nos syndicats devront réfléchir à leur périmètre. L'avenir n'est pas à un corporatisme poussé à l'extrême mais à la définition d'un rapport de forces plus large qu'aujourd'hui", ajoute-t-il. La direction propose donc de revaloriser le rôle des syndicats territoriaux plutôt que des syndicats d'entreprise, une idée loin de faire l'unanimité.
L'unité intersyndicale sera aussi sur la sellette lors du congrès, les syndicats n'ayant pu trouver de débouchés aux manifestations massives du premier semestre. "Nous avons buté sur un problème structurel : la faiblesse de l'implantation syndicale dans les entreprises. Et l'attitude de certaines centrales, FO en tête, n'a pas aidé à maintenir l'unité", estime-t-il. "Mais aucune organisation n'[ayant] aujourd'hui la capacité d'inverser seule le cours des choses", M. Thibault propose de persévérer "pour peser face au gouvernement et au patronat".
Interrogé pour si savoir si ce mandat à la tête de la CGT serait le dernier, il a estimé que "la question se posera un jour ou l'autre mais pas aujourd'hui" et précisé: "J'ai cet avantage d'être issu d'une entreprise à statut public qui assure une reconversion professionnelle à ses syndicalistes. Je ne serai pas à la rue, je demeure cheminot."