Marie-Christine Philbert, présidente de la Fédération nationale des associations au service des élèves présentant une situation de handicap, s'insurge contre la baisse des aides pour les élèves handicapés.
A chaque rentrée scolaire, les difficultés des élèves en situation de handicap resurgissent: c'est une forme répétitive de grippe du système d'entraide, dont l'école se relève chaque année convalescente, pour rechuter à la rentrée suivante. Une pandémie particulière, subie par les élèves et leurs parents: les contrats de vacation des accompagnants de vie scolaire (AVS)* ne dépassent pas six ans ; et cette limite interdit la pérennisation d'un encadrement pour le moins nécessaire.
Jugeant absurde (enfin!) de "perdre" chaque année les meilleurs accompagnants au terme de leurs six années de pratique, le ministère de l'Education nationale a ouvert le débat en février dernier. Mieux, en apparence: un amendement voté le 2 juillet autorise les associations à devenir relais d'employeur pour l'année scolaire 2009-2010. Dans les faits, cependant, le dispositif est un échec. La parution tardive des textes réglementaires, des conditions trop restrictives, des synergies complexes à mettre en place n'ont pas favorisé la reprise des personnels par le tissu associatif. Des élèves voient encore partir leurs accompagnants expérimentés, remplacés par des débutants.
Nos enfants handicapés sont-ils condamnés à être un terrain d'"expérience professionnelle" en même temps qu'une "réponse" au problème général de l'emploi? Cette manière de comprendre l'accompagnement est indigne, insupportable pour tous.
Sur les 1 300 accompagnants arrivant au terme de leur contrat à la fin de décembre, à peine une centaine conserveront leur poste. Pour ceux achevant leur contrat d'ici à juin 2010, rien n'est encore prévu... Depuis septembre, nous concentrons nos efforts au sein du groupe de travail interministériel afin de trouver une solution sérieuse pour la rentrée prochaine. Mais nous sommes inquiets. Le groupe d'experts peine à trouver sa cohérence et sa capacité d'innovation. Comme souvent dans le social, le niveau de recrutement et de formation du personnel dit "de proximité" ne répond pas à la hauteur des enjeux. Au nom de quoi, pourtant, la qualité de l'accompagnement des jeunes en situation de handicap devrait-elle être sacrifiée?