L'assurance-chômage, les cotisations de retraite ou de sécurité sociale sont à leur charge. Peu ont les moyens de les payer. Surtout, en période de crise, ils sont les premiers à la rue. Selon les prévisions, environ 400 000 pourraient avoir perdu leur emploi entre octobre 2008 et mars 2009 (lire l'encadré). "Après l'éclatement de la bulle financière, en 1991, les entreprises ont réduit leur personnel, explique Ogura. Elles sont toujours sous pression pour diminuer les coûts salariaux." Le taux de chômage, qui était de 2% en 1989, a dépassé 5% au début des années 2000. Et la croissance économique constatée entre 2002 et les derniers mois de 2007 n'a rien changé sur ce plan. Shiro Suzuki *, 55 ans, a subi ces évolutions. Ancien chef d'entreprise ruiné, devenu ensuite un cadre commercial sous pression, aujourd'hui au bout du rouleau, il a adhéré en janvier au Parti. A 23 ans, Tsuyoshi Kanai, ex-prêtre shinto, a fait de même en octobre 2008, après avoir découvert par hasard son site Web. Auparavant, il avait vu sur la Toile une vidéo, très populaire, où Kazuo Shii, président du Parti, dénonçait "l'exploitation des jeunes travailleurs": "J'ai compris que c'était le seul parti qui se soucie du peuple." Pour le sociologue Masahiro Yamada, "ces précaires ont perdu tout espoir d'améliorer leur quotidien et ont besoin d'exprimer leur malaise". Certains s'identifient aux personnages révoltés de Kanikosen. S'engager au PC, omniprésent dans la défense des précaires, leur semble aller de soi. Le Parti bénéficie aussi d'un ancrage original. Dès les années 1960, il a choisi de suivre sa propre voie, prenant de la distance avec ses homologues soviétique et chinois, au point de se réjouir, au début des années 1990, de l'effondrement de l'URSS. La formation est même traversée par les tendances nationalistes. Elle rejette l'alliance nippo-américaine, mais défend, contre Moscou, les revendications de Tokyo sur les îles Kouriles. Une rhétorique adoucie... Depuis 2004, par ailleurs, la rhétorique s'est adoucie. Les appels à la "révolution socialiste" ont cédé la place aux simples demandes de "réformes démocratiques". Le PC japonais se veut responsable. Il refuse les subventions publiques et rejette les offres d'alliance avec les grands partis. Ses dirigeants sont de tous les combats pour la défense des précaires. Kazuo Shii a fait une intervention remarquée au Toshikoshi Haken Mura, le "village des intérimaires pour passer l'année", dressé par des travailleurs sociaux le 31 décembre au coeur de Tokyo pour aider les nouveaux chômeurs. Même l'empereur n'a plus à s'inquiéter pour son trône. Les communistes sont prêts à le tolérer s'ils arrivent au pouvoir. Fini, le temps où le Parti faisait figure de formation antidémocratique et déstabilisatrice! Aujourd'hui, rien n'empêche Shii d'apparaître sur les très conventionnelles chaînes de télévision commerciales. Invité par Asahi Telebi en juin 2008, il se livre à une leçon de choses fondée sur Marx et Engels, évoquant l'excès de crédit, facteur d'excès de spéculation. Cela ne choque plus. Succès médiatique, succès populaire... Ne manque que le succès électoral. En 2005, le PCJ avait obtenu 7,3% des suffrages et neuf élus à la Chambre basse. Cette année, l'impopularité du Premier ministre, Taro Aso, laisse présager une lourde défaite du camp conservateur. Au profit de qui? Le verdict tombera lors des prochaines élections législatives. En septembre, au plus tard.