QUOI qu'il en dise, le président de la République, lors de son allocution lundi 22 juin à Versailles, n'a guère laissé de place au débat. S'exprimant sur la place du voile intégral en France, après la proposition d'une soixantaine de députés de créer une commission d'enquête sur ce sujet, Nicolas Sarkozy a fait connaître son point de vue, tranché, sur la question : « Le problème de la burqa n'est pas un problème religieux. C'est un problème de liberté et de dignité de la femme. C'est un signe d'asservissement, c'est un signe d'abaissement. Je veux le dire solennellement : la burqa n'est pas la bienvenue sur le territoire de la République française. » S'il n'a pas formellement parlé d'interdiction, le ton est donné.
DIGNITÉ DE LA FEMME Reprenant à son compte l'avis de certains responsables musulmans, M. Sarkozy a aussi insisté sur le fait que cette pratique « n'est pas un signe religieux » et mis en avant la question de la dignité de la femme. « N ous ne pouvons accepter dans notre pays des femmes prisonnières derrière un grillage, coupées de toute vie sociale, privées de toute identité. Ce n'est pas l'idée que nous nous faisons de la dignité de la femme. »
Mohammed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), a relevé le préambule de M. Sarkozy, qui a rappelé avec force que, « dans la République, la religion musulmane doit être autant respectée que les autres religions ». « Cette mise en garde évite la stigmatisation de l'islam en général . » Mais M. Moussaoui s'interroge sur les moyens qui pourraient être retenus pour contraindre les femmes qui choisissent cette tenue à y renoncer.
L'existence du voile intégral en France n'est pas nouvelle, mais son adoption par une nouvelle génération de femmes plus présentes dans l'espace public marque un développement relatif de cette pratique. Marginale, elle concerne un nombre inconnu de femmes. Les spécialistes du salafisme, mouvement rigoriste de l'islam qui prône le port du voile intégral, estiment entre 5 000 et 10 000 personnes le nombre de ces fidèles en France.